Un nouveau rapport révèle que la prohibition des drogues et le resserrement des lois antidrogues sont des causes importantes de violence et d’agressions armées

published on March 23, 2010

Les politiques proposées pour combattre le crime, telles que l’imposition de peines minimales obligatoires, seront coûteuses pour les contribuables et pourraient en fait entraîner une hausse de la violence dans les collectivités canadiennes.

Vancouver, Colombie-Britannique (23 mars 2010) – Selon un nouvel examen scientifique, la lutte antidrogue au Canada n’a pas réussi à réduire le commerce des drogues illicites, et les interventions juridiques mises de l’avant pour contrer le narcotrafic n’auront aucun effet sur l’approvisionnement et pourraient même faire grimper les taux de violence liée à la drogue.

Des chercheurs de l’Urban Health Research Initiative (UHRI), un programme du BC Centre for Excellence in HIV/AIDS (BC-CfE), ont effectué un examen systématique de toute la documentation scientifique publiée en anglais afin de déterminer les retombées de l’application de la loi sur la violence liée au commerce de la drogue.

L’examen systématique a recensé 15 études internationales portant sur l’impact de l’exécution des lois antidrogue sur la violence. Contrairement à l’opinion générale selon laquelle l’application des lois antidrogue réduit la violence, 87 % des études (13 études) indiquent que l’exécution des lois antidrogue est associée à la hausse de la violence liée au narcotrafic.

« La violence généralisée liée à la drogue dans des pays comme le Mexique et les États-Unis, ainsi que la violence commise à l’aide d’armes à feu qui est de plus en plus présente dans les rues canadiennes, semblent être directement attribuables à la prohibition des drogues, soutient le Dr Evan Wood, coauteur et chercheur du BC-CfE. La prohibition entraîne des hausses prodigieuses de la valeur de ces substances, ce qui crée des marchés lucratifs exploités par le crime organisé. Toute perturbation de ces marchés par la lutte antidrogue semble avoir l’effet pervers de générer des occasions financières pour les gangs criminels organisés, et la violence armée s’ensuit souvent. »

L’examen scientifique fait valoir que la prohibition des drogues a engendré un énorme marché mondial des drogues illicites, d’une valeur annuelle estimée à 320 milliards de dollars américains. Plusieurs des études examinées indiquent que la violence découle du vide de pouvoir qui survient lorsque la lutte antidrogue élimine des joueurs clés du marché des drogues illicites. Tandis que les forces policières emploient des méthodes de plus en plus sophistiquées pour démanteler les réseaux de distribution des drogues, les taux de violence liée aux drogues peuvent augmenter.

Les conclusions du rapport sont également significatives dans le contexte du projet de loi C 15, qui est présentement devant le Parlement et qui introduirait des peines minimales obligatoires pour les condamnations liées à la drogue. La recherche indique que des politiques pénales semblables ont été adoptées aux États-Unis et qu’elles n’ont pas réussi à faire reculer le commerce de la drogue et ont engendré un fardeau fiscal écrasant découlant des coûts liés aux taux d’incarcération grimpants. Malgré l’adoption d’une nouvelle Stratégie antidrogue nationale au Canada, qui resserre les efforts d’exécution de la loi, et la proposition d’imposer des peines minimales obligatoires pour les violations aux lois antidrogue, il n’existe pas encore de données scientifiques démontrant l’efficacité de ces mesures.

« Nous vivons à une époque de politiques publiques basées sur des preuves, et il est incroyable que le gouvernement fédéral propose des interventions extrêmement coûteuses, comme l’imposition de peines minimales obligatoires, sans aucune discussion de leurs coûts ou des impacts probables sur la criminalité, a fait remarquer le Dr Thomas Kerr, chercheur du BC-CfE et coauteur du rapport. Cet examen montre clairement que ces interventions coûteront extrêmement cher aux contribuables et ne réduiront tout probablement pas la criminalité. En fait, elles pourraient entraîner une hausse de la violence dans nos collectivités. »

Le rapport recommande que l’on considère d’autres modèles de lutte antidrogue si l’on souhaite réellement combattre les réseaux d’approvisionnement en drogues et réduire la violence liée à la drogue.

Le rapport a reçu un accueil favorable de nombreux acteurs politiques, dont des politiciens conservateurs renommés.

« La violence liée à la drogue n’est pas un enjeu partisan, et tous les partis doivent collaborer en vue d’accroître les données scientifiques sur lesquelles nous basons nos politiques relatives aux drogues illicites », a fait valoir le sénateur Pierre Claude Nolin, ancien président du Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites.

Le rapport a fait l’objet d’un examen externe par des économistes conservateurs, dont le professeur Stephen Easton, chercheur principal au Fraser Institute, et Jeffrey Miron, de l’Université Harvard.


Le rapport de 26 pages est intitulé Retombées de l’application des lois antidrogue sur la violence liée au narcotrafic : Résultats d’un examen scientifique.

♦  Retombées de l’application des lois antidrogue sur la violence liée au narcotrafic
♦  Résumé

♦  Effect of Drug Law Enforcement on Drug-Related Violence
♦  Summary


Au sujet du BC Centre for Excellence in HIV/AIDS :
Le BC Centre for Excellence in HIV/AIDS (BC-CfE) est le plus important établissement de recherche, de traitement et d’éducation en matière de VIH/sida au Canada. Il est basé à l’Hôpital St Paul, Providence Health Care, un hôpital d’enseignement associé à l’Université de la Colombie-Britannique. Le BC-CfE se consacre à améliorer la santé des habitants de la province qui vivent avec le VIH, par le biais du développement, de la surveillance et de la dissémination de programmes complets de recherche et de traitement qui ciblent le VIH et les maladies connexes.

Au sujet de l’Urban Health Research Initiative :
L’Urban Health Research Initiative (UHRI), mise sur pied en 2007, est un programme du BC CfE. Sa mission consiste à améliorer la santé des particuliers et des collectivités par le biais de la recherche, en vue d’éclairer l’élaboration des politiques. Les programmes de recherche de l’UHRI sont basés sur un réseau d’études qui ont été réalisées en vue d’aider à cerner et à comprendre les nombreux facteurs qui influencent la santé des populations urbaines, notamment l’utilisation de substances, les maladies infectieuses, l’environnement urbain et l’itinérance.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour demander des entrevues, veuillez communiquer avec :
Ian Noble
Karyo Edelman (au nom du BC Centre for Excellence in HIV/AIDS)
Tél. : 604-623-3007, p. 300
Cell. : 604-809-9650